AIDAN JOHN MOFFAT // I Can Hear Your Heart (Chemikal Underground)

En guise d'intro je pourrais balancer une belle connerie du genre: I Can Hear Your Heart est un sex concept album enregistré par un alcoolique mélancolique (ancien binôme des Arab Strap) & coincé entre An American Prayer (poésie lue sur de la musique de circonstance) & le génie lyrique d'un Gainsbourg à son apogée (musique sur de la poésie de circonstance – Melody Nelson & L'Homme à la Tête de Choux). Voilà comment prendre de sacrés chemins de traverse mais dans l'ensemble ça correspond assez bien au machin. Frôlant parfois le générique de film porno ("Super Sexxxy Real Live!", "You Took it Well") I Can Hear Your Heart n'en reste pas moins une fascinante incursion du monde rock/pop dans la littérature (ce qui n'a pas toujours donné que du bon) où l'écossais rrrroule les « r » comme un pigeon parisien plein jusqu'a la gorge de vin chaud. L'objet en lui même est beau, qui donne envie de racheter des disques, qui ressemble à un petit livret de poésie &, OH! Surprise! qui contient aussi une nouvelle (Poop) sensée être la première partie du disque. La seconde (Loop) étant le disque lui même. La voix de Moffat égraine alors une ribambelle de mots & d'expressions qui lui auraient valu la potence sous la Sainte Inquisition avec la plus grande tendresse dispensée par une voix traînante, calme, voire lasse. C'est franchement beau. Loin du travail vocal qu'il a réalisé avec Mogwai (avec qui il partage le même label) sur « R U Still In To It ». Il est facile de sombrer dans une sorte de torpeur veloutée en écoutant la mélopée apaisée qui coule sur les 24 morceaux de l'album. A la quiétude d'une fin d'après-midi automnale & pluvieuse, une tasse de café relevé de cognac, on se demande mais oùBORDEL DE DIEU!sont passées nos conquêtes vénales d'antan? Vous me direz, on n'a pas forcément envie de faire l'amour en écoutant ça &, ma foi c'est pas faux, mais je ne crois pas que le but recherché fut une espèce d'excitation sexuelle portant l'auditeur à un coït sonore &, ça peut aussi arriver, solitaire. Ça ressemble plutôt à une désespérance, une sorte d'acceptation de la chaire comme une aporie incontournable, qu'elle soit l'objet du plaisir ou du désir. Sachant que tous les désirs ne sont pas toujours révolus.


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