BLICERO HOWL // Mixtape 3


IGGY POP // New Values (Arista).

Cet album d'Iggy Pop a certainement l'une des pochettes les plus ridicules de l'histoire du rock, c'est aussi très certainement un des albums les plus mal produits, un des plus foutraques, des plus kitsch qui soit. C'est aussi l'un des albums les plus sous estimés de l'histoire de l'univers entier. New Values (1979) arrive juste après The Idiot & Lust For Life, c'est la première fois qu' Iggy bosse sans Bowie (d'ailleurs on se dit que ça n'aurait peut être rien changé au couscous tant la merveilleuse tapette « sous produisait » les disques de ses amis pour mieux se les refaire quelques temps plus tard – qui ici pourrait affirmer que le China Girl d'Iggy est meilleur que celui de Bowie...), c'est aussi la première fois qu'il est sur Arista qui, je crois, a bien failli ne jamais se relever d'une telle audace même si aujourd'hui le label possède une sacrée écurie de rockers en santiags. C'est donc, par certains côtés, une première, une espèce de mini révolution punk-rock: le son garage à son apogée. Voui mes loulous: garage. Tant mieux d'ailleurs, ça donne l'impression que les pistes ont été enregistrées à la maison, entre le salon & la cuisine. Iggy invente le rock de proximité: voilà, baby, ce que je suis capable de faire sans moyens & deux prises de 120 volts chacune! Du rock du vrai, bien crade, bien brut, avec des morceaux bien bourrins (New Values, Girls, How Do Ya fix A Broken Part) – ça reste un disque d'Iggy Pop – avec des paroles frisant la correctionnelle: « I love girls/Let me tell you something about girls/They are allover this world » ou « I wish life could be swedish magazine »... bref, de la déconnade à tous les étagesSAUF! Sauf que oui mais non car New Values c'est aussi quelques belles audaces cachées dans la bouillasse, si vous me permettez les rimes hasardeuses. Tell Me A Story, qui ouvre l'album, est rempli de petites trouvailles rythmiques & bruitistes qui sont assez marrantes, la ligne mélodique est simple mais parfois on n'en demande pas plus pour siffloter sous la douche ou pour se rendre au supermarché. Plus sérieusement, des titres comme Five Foot One ou l'hallucinant The Endless Sea sont de véritables petits trésors qui auraient mérité plus d'attentio_____ quoique, c'est pas dit. Il y a aussi I'm Bored, basique mais entêtant, Don't Look Down avec sa mélodie étrange & boiteuse, excellente pour conduire en pleine ville, en pleine nuit, Curiosity dont l'intro fait penser au générique d'une émission de débats politiques & la crème de la crème: African Man, qui place définitivement Iggy Pop sur le podium des gars les plus poilants de l'histoire du rock & New Value comme un des disques les plus attachants de ma discothèque. Haut la main.

IGGY POP - The Endless Sea
IGGY POP - African Man

CYROD // Music For Parents (Kuryakin).

Dans la jungle sonore 2.0 (Harry, si tu nous écoutes...) des Myspace Music, des net labels, des blogs mp3 qui pullulent sur la toile pour le meilleur &/ou pour le pire, à l'heure où la transmission de « l'objet musical » devient une sorte d'enjeu hypocrite, guerrier & revanchard, il est assez intéressant de tomber sur un artiste comme Cyrod (dont j'apprends qu'il a abandonné le football à la fin des années 80 au profit d'une guitare électrique... un peu comme Julio Iglesias me semble t'il... hum hum) qui perçoit internet comme un joli moyen de diffuser son travail de façon... philanthropique. La chose est d'autant plus intéressante que le bonhomme s'y entend franchement bien avec sa guitare & on en vient à se demander: « Mais que foutent les labels sensés dénicher les jeunes talents de notre pays?!? ». Sur les deux albums qu'il a eu la gentillesse de m'envoyer, sans autre forme de procédé, j'ai une certaine affection pour Music for Parents, sorti en 2007 chez Kuryakin. Sur son site , il explique que c'est à la suite de plusieurs naissances dans son entourage, & de tous les « désagréments » que cela à pu entraîner, qu'il a composé cet album, un peu comme on applique un baume. Une longue plage sonore d'un calme réparateur & instrumental. Sans y ressembler totalement on pourrait tout de même comparer Music for Parents à une espèce de When désangoissé... mais j'y reviendrai. Personnellement, pour l'avoir testé sur les routes alpines bordées d'arbres en flammes, c'est l'un des meilleurs road-album que je connaisse & là où Cyrod est vraiment bon c'est que, une fois le moteur coupé, ses mélodies continuent de vous accompagner. La fameuse magie d'une ritournelle entêtante comme l'imparable Histoires qui fait défiler ses 13 minutes comme si de rien n'était ou l'inaugurale & paisible Tropicale qui ressemblerait fort à la bande son d'un voyage sur quelques routes sud américaines que l'on voudrait sans fin. & c'est là que j'en reviens à mon Vincent Gallo dont l'univers sonore tient, pour une part, dans la répétition d'une boucle principale, simple mais efficace (c'est au moins la quinzième fois de la semaine que j'utilise ce mot), à laquelle viennent s'ajouter quelques variations légères & bien senties. La pesanteur « existentielle » chez Gallo fait ici place à une joie, presque mélancolique, en tout cas sereine. Music for Parent est un album contemplatif.
Il n'est pas dans mes habitudes d'être aussi lyrique en parlant de musique mais cette fois ci pourquoi pas? Je me dis que ce genre de gars qui bosse, dans son coin, à l'édification d'un univers si singulier quand la copie est de mise (je dis "copie" tandis que les influences qui filtrent chez Cyrod sont bien reconnaissables sans enlever une goutte d'originalité) & d'une telle qualité mériterait toute notre attention. Sans doute la belle "vraie" découverte de cet automne.




Music for Parents est en écoute dans son intégralité ICI & LA.

FRIENDLY FIRES // Friendly Fires (XL/Beggars/Naïve)

J'ai bien l'impression que ce Friendly Fires est burné comme un taureau, rempli de tubes qui vont faire danser la jeunesse dorée de notre Belle République dans les jours à venir, façon: raz-de-marée – le son est propre sur toute la ligne (un poil trop d'ailleurs), le gars chante bien sans être foudroyant, les mélodies sont efficaces, la basse bien péchue à la DFA (In The Hospital) MAIS (grâce soit rendu à cette conjonction)... mais, mais il me semble avoir déjà entendu ça une bonne centaine de fois, au moins. Le problème c'est qu'avec ce genre de groupe & ce genre d'album on peut pas trop cracher des saloperies comme on le voudrait. C'est vrai, le travail est bien fait, pas ennuyeux pour un franc, l'écouter à bord de ma voiture me donne l'impression d'être plein aux as & d'avoir une floppée de poulettes fashion victims à l'arrière, ça nous change de ce rock indie à mèches procculaires & Converse "soit disant" crasseuses, à pauses prêt découpées, à gerber en gros... Ils sont simplement dans une espèce de continuité un peu plate qui prend de la place sans vraiment faire avancer les choses. Si je voulais être méchant & je le suis parfois, je dirais que voilà du sous James Murphy. Friendly Fires: LCD Soundsystem du pauvre? A voir. En tout cas la presse (Tsugi pour être précis) parle de « pop hédoniste à effet immédiat » &, ma foi, c'est franchement loin d'être faux. On y trouve un bon mélange de funk, de synthé-pop estampillé 80's, de Liquid Liquid, ce qu'il faut de house pour faire trembler la guibolle. Forcé, malgré tout, de reconnaître l'efficacité des compositions (déjà dit) il n'en est pas moins certain que Friendly Fires va vite virer de ma chaîne. Tandis que je finis ce joli papier la lassitude est déjà là. Je vous parlerais alors d'un gars comme Max Tundra qui, pour le coup, lance discrètement un renouvellement complet des formes. Certainement plus difficile d'accès que nos trois britons mais, à mon sens, bien plus nécessaires & créatif – en fait, ça n'a plus rien à voir.

FRIENDLY FIRES - In The Hospital
FRIENDLY FIRES - On Board

OF MONTREAL // Skeletal Lamping (Polyvinyl).

Voilà venir le grand patchwork sonore d' Of Montreal – la pop rock se recharge avec bien plus d'efficacité que ce bon vieux rock qui a tendance à nous refourguer toujours les mêmes grincements de cordes essoufflés. Oh allez! Combien de fois déjà nous a t'on annoncé que le rock'n'roll venait de ressusciter quelques part dans le New-Jersey? Combien de groupes foireux? Je me souviens encore le jour où, une larme perlant aux coins des mirettes, je suis allé acheter le premier disque des Strokes avant de m'apercevoir que les gamins avaient tout simplement écouté autant d' albums du Velvet que moi, voire plus. Ah trahison commerciale! Mensonges de la chronique qui fait d'un caillou... je me répète? Possible. Quoiqu'il en soit mes loulous, il est dit quelque part que ce Skeletal Lamping fera office de marque témoin dans l'histoire colorée de la pop au même titre que Sgt. Pepper, Pet Sounds, Loaded, The Village Green Preservation Society, Remain in Light, Parklife etc etc... Pas pour sa créativité non, même si l'ensemble est d'une fraîcheur assez rare ces derniers temps, mais bel & bien pour son esprit de synthèse. En as du collage génial Kevin Barnes nous refait le même coup de foulard que George Martin & Paul McCartney sur la face B d'Abbey Road. Petites boucles de ci de là, ritournelles électriques entêtantes mais orphelines, délires rock à la recherche de refrains solitaires, ça fuse dans tous les coins sans jamais perdre le nord... l'intégrale de ce qui s'est fait & se fait de mieux en rock, pop, soul funk (St. Exquisite's Confessions qui démarre complètement choco & finit en bonne ratatouille sonique), avec une guitare, une basse, une batterie, un ou deux instruments exotiques &, &... un piano parce que depuis Lenny Kravitz personne n'avait plus imité Imagine de Lennon aussi bien (Touched Something's Hallow), ça va de soit. Sans oublié les déjà, eh oui ça va vite, les déjà fameux choeurs made in Of Montreal (qui n'est pas un groupe québécois mais d'Athens, Georgie comme Pylon, R.E.M. & les B52's aussi me semble t'il... ma parole quelle bourgade!) qui font parfois penser à Queen (style opéra queer) ou à du Scissors Sister dans ce que l'on peut y trouver de mieux & de festif (style vaudeville queer, notamment sur Gallery Piece)– ce qui est loin d'être une critique. Je parle de Queen pas des Scissors Sis____ enfin bref! Outre le fait de nous rappeler pourquoi on aime tant bouger le popotin en écoutant de la musique ce neuvième album d'Of Montreal vous aidera sûrement à vous réveiller les matins difficiles, mais ça n'est pas une révolution pour autant.

OF MONTREAL - Nonpareil of Favor
OF MONTREAL - St Exquisite's Confessions
OF MONTREAL - And I've Seen A Bloody Shadow

BLICERO HOWL // Mixtape 2




Bonne écoute & bon week-end.

THE FIERY FURNACES // EP (Rough Trade).

A tous ceux qui trouvent qu'écouter un album entier des Fiery Furnaces s'apparente à une opération aussi physique qu'une partie de boxe virtuelle sur Wii, à ceux d'entre vous, bande de punks, qui sentent poindre le début d'une schizophrénie galopante dans les dernières notes de Widow City, à ceux d'entre vous, encore, qui marronnent devant l'absence de best of (mais pourquoi faire bordel?!?), à vous tous mes loulous, pour découvrir la richesse infinie de la fratrie Friedberger, Blicero ne saurait trop vous conseiller l'écoute de EP, subtil assemblage de singles & de morceaux originaux aussi efficaces (Sing for Me, Tropical Iceland - un clip, comment dire... d'enfer & repris en concert par Of Montreal avec un son bien pourrachos... attention les oreilles), évidents dans leur synthèse de 50 de rock, pop & tutti quanti, aussi intelligents, enfin, les uns que les autres. Intelligents? Oui, oui. En fait j'aurais même pu dire: cultivés. Les Fiery Furnaces c'est un truc que vous n'aviez jamais entendu avant, le genre de surprise où vous faites WHAOU! & ça n'était pas arrivé depuis OK Computeur, à l'aise. Un son unique donc, mais truffé de références secrètes, de clin d'oeil savants - des Beatles au Velvet en passant par le Yellow Magic Orchestra sans oublier Bob Dylan & Patti Smith auxquels le chant d'Eleanor Friedberger fait inmanquablement penser (je l'imaginerais bien chantant Land avec son débit si particulier). A l'heure où vient tout juste de sortir un double live (Remember) EP pourrait bien être la clé de voûte d'un parcours assez impressionnant. Personnellement, je ne suis pas très très fan des live. Un groupe aussi « complexe » que les Fiery Furnaces doit pas mal perdre d'amplitude en concert, se lester de ce bricolage génial qui fait d'eux la formation la plus originale depuis... pffffff!