PAUL McCARTNEY / Paul McCartney (Parlophone)

SOUND/ Musicalement parlant McCartney, premier album solo home made du Beatles aux yeux de velours & dernière goutte d'eau qui fit déborder un vase qui n'attendait que ça, n'est pas ce qu'on pourrait appeler un grand disque. Il est même symptomatique de la carrière en dents de scie que McCartney mènera loin de ses potes & surtout de son jumeau obscur: John Lennon. Ceci dit, très agréable à écouter, cet album contient, en gestation, toutes les facettes que Mccartney va développer dans les années à venir.
La musique de Paul Mccartney, souvent comparée à de la guimauve, est faite pour vous voir sourire, vous accompagner tout au long de votre journée, vous rendre le quotidien plus sympa, plus cool contrairement à celle de Lennon qui interrogeait l'auditeur sans cesse: Qui es tu? Que fais tu ici? Pourquoi la guerre? Penses tu au suicide toi aussi? Où est Yoko? Elle est comme une mère (supérieure) pour moi patati & patata... McCartney, dans sa grande naïveté sûrement, voulait simplement que les gens qui écoutaient ses chansons se sentent bien, soient heureux. Cet album ne déroge pas à la règle du sucré même si il est certainement l'un des moins structurés qu'il ait enregistré. On se rend bien compte qu'il se fait avant tout plaisir (une petite lennonade ouvre d'ailleurs le bal: "The Lovely Linda"), il n'a de compte à rendre à personne & fabrique ses morceaux tranquille, dans son coin. Morceaux instrumentaux plus ou moins inspirés qui préfigurent son goût pour l'instrumentalisation pure (McCartney sortira deux honnêtes albums électros dans les années 90 sous le nom de The Fireman ainsi que trois albums de musique classique). A écouter, le très one-again-people-you "Momma Miss America". On y trouve aussi le premier morceaux un peu country-folk où Linda apparaît pour la première fois (elle chante aussi mal que Yoko) & qui annonce des titres comme "Wheels" ou "Country Life" sur Red Rose Speedway & son album entièrement country sortit dans le plus grand secret sous le nom de Suzy and the Red Stripes. Le son très caractéristique de la guitare Wings est déjà présent sur "Every Night" & "Man We Was Lonely" ainsi que la batterie maison de McCartney qui joue de tous les instruments comme un grand.
Si on trouve sur cet album ce que sera plus tard le son des Wings, les Beatles n'ont pas entièrement disparu puisque le très apaisant "Junk" & l'anecdotique "Teddy Boy" étaient des chansons écrites pour Let It Be (elles sont d'ailleurs disponibles sur Antholgy 3 dans des versions plus... épurées) & récuppérées par McCartney. "That Would Be Something" aurait très bien pu apparaître sur l'album Blanc, une sorte d'intermède typique des Beatles, simple mais envoutant. "Every Night" tout pareil. Reste le cas de "Maybe I'm Amazed", le bijou de ce disque. Il faut savoir que même lorsque McCartney foirait un album bien comme il faut (McCartney II par exemple) il se démerdait toujours pour pondre un petit truc magique. C'est une caractéristique que l'on retrouve aussi chez Lennon. "Maybe I'm Amazed" fait partie de ces chansons super héros qui sauvent le bateau en train de couler. Bizarrement le titre sonne comme si McCartney l'avait enregistré pendant Band On The Run, les choeurs, l'orchestration, le bruit même du piano & ne parlons même pas du solo de guitare. Les choses changent...
Les choses changent... Un peu. Bientôt McCartney se verra obligé de porter plainte contre les trois autres Beatles pour se libérer du contrat qui le retient encore à eux. Il gagnera. Lennon, furibard, vindra balancer une dizaine de caillasses sur sa baraque alors que Martha roupillait sur le perron. Mais ça, c'est déjà une autre histoire...


VISION/ Voici "Miss Momma America":


0 commentaires: